L’argentique n’est pas qu’une question de netteté et de fidélité des couleurs. Il y a aussi, parfois, une part de hasard qui attire les photographes vers des rendus inattendus.
Les pellicules périmées, avec leurs défauts et leurs surprises, incarnent parfaitement cette esthétique. Mais avant de glisser ce vieux film Kodak Gold 200 de 1999 trouvé dans un tiroir dans votre appareil, mieux vaut comprendre les enjeux.
Dans cet article, on vous explique ce que vous risquez (et ce que vous pourriez gagner) à shooter en pellicule périmée.
Qu’est-ce qu’une pellicule périmée ?
Chaque pellicule est marquée d’une date de péremption, généralement située à 2 ans après sa fabrication. Cela ne signifie pas qu’elle devient inutilisable après cette date, mais que le fabricant ne garantit plus ses performances d’origine : sensibilité ISO, rendu des couleurs, contraste, grain, etc.
Le vieillissement affecte les émulsions sensibles à la lumière, en particulier celles des films couleur et des diapositives. Les films noir et blanc, eux, vieillissent mieux grâce à une composition chimique plus stable.
Quels sont les effets du temps ?
Avec les années, une pellicule peut présenter :
- Perte de sensibilité (ISO) : votre pellicule ISO 200 réagit peut-être comme une 100 ou une 50.
- Dominantes de couleur : verdâtres, magentas, jaunes… surtout sur les films couleur.
- Perte de contraste et saturation : les images peuvent sembler plates.
- Grain plus prononcé : les zones sombres peuvent « baver ».
- Voile général : dû à une oxydation de l’émulsion.
Ces effets dépendent fortement des conditions de stockage. Une pellicule gardée au frigo vieillira bien mieux qu’une autre oubliée dans un grenier en plein été.
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Comment bien exposer une pellicule périmée ?
Une règle empirique souvent utilisée : surexposer d’un stop tous les 10 ans de péremption. Exemple : une pellicule ISO 400 périmée depuis 20 ans pourrait être exposée comme une ISO 100.
Cependant, cette règle reste indicative. Chaque pellicule réagit différemment, et certains films (comme les Kodak Gold ou Fuji Superia) vieillissent mieux que d’autres (les diapositives, en particulier, supportent très mal le temps).
Utilisez de préférence un appareil entièrement manuel ou un boîtier où vous pouvez forcer la sensibilité ISO.
Conseils pour limiter les mauvaises surprises
- Stockez vos pellicules au frais, idéalement au réfrigérateur.
- Évitez les films endommagés (cartouches rouillées, fuites de lumière).
- Faites des tests avant de partir en voyage.
- Développez rapidement vos photos après la prise de vue.
- Notez vos réglages, cela vous aidera à ajuster pour les pellicules restantes.
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Utiliser des pellicules périmées, c’est jouer avec l’imprévu, accepter des rendus imparfaits et uniques. C’est aussi une manière économique (parfois) de continuer à shooter en argentique tout en sortant des sentiers battus. Si vous aimez expérimenter, improviser, et laisser un peu de place au hasard dans votre pratique photo, alors les pellicules périmées sont faites pour vous.