La photographie, c’est littéralement « écrire avec la lumière ». En argentique, cette maxime prend tout son sens : contrairement au numérique, vous ne pouvez pas « voir tout de suite » le résultat. Il est donc essentiel de bien maîtriser les bases de l’exposition, pour éviter les photos trop sombres ou « brûlées ».
Dans cet article, on revient sur les fondamentaux de l’exposition en argentique, pour vous aider à prendre le contrôle de la lumière… et de vos images.
Qu’est-ce que l’exposition ?
L’exposition désigne la quantité de lumière qui atteint le film à travers l’objectif de votre appareil photo. C’est elle qui détermine si votre image sera :
- bien exposée (détails dans les hautes et basses lumières),
- sous-exposée (trop sombre),
- ou surexposée (trop claire).
Elle dépend de trois paramètres fondamentaux, qu’on appelle le triangle d’exposition :
- L’ouverture (du diaphragme)
- La vitesse d’obturation
- La sensibilité du film (ISO)
Le triangle d’exposition
1. L’ouverture (f/)
C’est le diamètre d’ouverture du diaphragme de l’objectif. Plus le chiffre est petit (ex. : f/2.8), plus l’ouverture est grande, et plus la lumière entre. Bonus : Plus le chiffre est petit, plus l’arrière plan sera flou. C’est la profondeur de champ.
2. La vitesse d’obturation
C’est le temps pendant lequel le film est exposé à la lumière. Plus la vitesse est rapide (1/500s), moins la lumière entre. Plus elle est lente (1/30s ou moins), plus il faut faire attention au flou de bougé.
3. La sensibilité ISO
La sensibilité ISO indique à quel point le film est sensible à la lumière. En argentique, elle est fixée par la pellicule (vous ne pouvez pas la changer à chaque photo).
Exemples:
- ISO 100 = faible sensibilité
- ISO 400 = moyenne
- ISO 800+ = haute sensibilité
Comment trouver la bonne exposition ?
Avec un appareil à cellule intégrée
Réglez l’ISO correspondant à votre pellicule. Mettez l’appareil en mode manuel ou priorité ouverture/vitesse. Visez votre sujet et suivez l’indicateur de la cellule.
Avec un posemètre externe
Placez le posemètre vers le sujet. Indiquez-lui l’ISO du film (au posemètre, pas à votre sujet). Il vous indiquera les combinaisons ouverture/vitesse adaptées à régler sur votre appareil.
À l’œil : la règle du Sunny 16
Pratique si vous n’avez pas de cellule ou si elle est peu fiable.
En plein soleil, réglez de la sorte :
- Ouverture : f/16
- Vitesse : 1/ISO de la pellicule (ex. : ISO 100 → vitesse 1/100 ou 1/125)
- Puis ajustez selon la lumière :
- Légèrement nuageux → f/11
- Nuageux → f/8
- Ombre / fin de journée → f/5.6 ou f/4
Test & apprentissage : l’école du film
En numérique, on peut multiplier les essais sans frais. En argentique, chaque déclenchement compte. Mais l’avantage, c’est que cela vous forme l’œil.
Conseils :
- Notez vos réglages (vitesse, ouverture, film).
- Observez les résultats après développement.
- Essayez des pellicules différentes : certaines tolèrent mieux la surexposition (ex. : Kodak Portra), d’autres la sous-exposition.
Quelques erreurs courantes à éviter
- ❌ Oublier de régler l’ISO sur l’appareil.
- ❌ Croire que toutes les pellicules « voient » comme l’œil humain.
- ❌ Utiliser une vitesse trop lente à main levée (risque de flou).
- ❌ Faire confiance à la cellule sans penser à la scène (fort contre-jour, neige, etc.)
En conclusion
Exposer correctement en argentique, ce n’est pas juste appliquer des chiffres : c’est savoir lire la lumière autour de vous, faire des choix créatifs, et accepter une part d’imprévu. Avec le temps, vous apprendrez à anticiper, corriger, et même parfois jouer avec la lumière.