Depuis quelques années, les passionnés de photo argentique constatent tous la même chose : le prix des pellicules ne cesse d’augmenter. Que ce soit en boutique spécialisée ou en ligne, une simple pellicule couleur standard peut aujourd’hui coûter deux à trois fois plus cher qu’il y a dix ans.
Comment expliquer cette flambée ? Plusieurs facteurs se combinent.
Une production plus limitée
Au fil des années 2000, le marché de la photo argentique a fortement décliné face à l’explosion du numérique. De nombreux fabricants ont cessé la production de films, ou réduit drastiquement leurs capacités industrielles.
Moins d’usines, moins de machines, moins de main-d’œuvre : la chaîne de production s’est resserrée, ce qui rend chaque pellicule plus chère à fabriquer.
Des matières premières plus coûteuses
Fabriquer une pellicule argentique, c’est complexe. Elle contient des couches sensibles à base d’argent, de gélatine et de produits chimiques spécifiques.
Ces matériaux ont vu leur coût augmenter, en particulier l’argent, dont le prix est en constante fluctuation. L’acheminement, le stockage et le respect des normes environnementales ajoutent également au coût final.
L’impact du COVID-19
La pandémie a eu un effet significatif sur l’ensemble de la chaîne de production : fermetures d’usines, pénuries de composants, retards logistiques et coûts d’expédition en hausse.
Alors que l’offre ralentissait, la demande a repris de plus belle à la sortie des confinements, provoquant une tension accrue sur les stocks. Résultat : des hausses de prix généralisées dans un contexte déjà fragile.
Une demande qui repart à la hausse
Paradoxalement, la photo argentique connaît un retour en popularité, surtout chez les jeunes générations. Ce regain d’intérêt a surpris les industriels, qui n’avaient pas anticipé cette hausse soudaine de la demande.
La loi de l’offre et de la demande joue donc à plein : plus de gens veulent des pellicules, mais la production reste limitée, d’où une inflation mécanique des prix.
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Des relances de production coûteuses
Certaines marques comme Kodak ou Ilford ont tenté de relancer ou d’élargir leur offre, mais redémarrer une production coûte très cher. Il faut restaurer ou réinventer des procédés abandonnés, former du personnel qualifié, et relancer des chaînes logistiques spécifiques.
Ces investissements lourds sont répercutés sur le prix final du produit.
Une diversification du marché
Aujourd’hui, on voit apparaître des pellicules de niche, des éditions limitées, ou des films reconditionnés par des marques comme Lomography ou Cinestill.
Si cela enrichit le choix pour les photographes, cela entretient aussi une forme de positionnement “premium”, avec des tarifs plus élevés qu’à l’époque de la photo grand public.
La hausse du prix des pellicules résulte d’un mélange de facteurs industriels, économiques et conjoncturels. Le COVID a agi comme un catalyseur d’un déséquilibre déjà latent : une production réduite face à une demande croissante. Malgré tout, la pellicule continue d’offrir une expérience photographique unique, à condition d’adapter ses habitudes… et son budget.